Une vidéo d’1 minute 13 secondes publiée le 11 juin 2024 sur Tiktok alerte sur une liste de médicaments jugés inefficaces et dangereux pour la santé par une revue médicale en France.
D’après la voix qui accompagne la vidéo, il s’agit de 105 produits dont 88 sont disponibles en France, tous considérés comme causant un grand risque pour la santé. Parmi cette liste de médicaments l’auteur cite Smecta, Voltarène, Dolirhume, Actifed, Maxilase et Toplexil.
La vidéo titrée « Liste de médicaments jugé trop dangereux » a été publiée par le compte Curieux du Savoir. Elle a été visionnée 176 900 fois et a recueilli 2 271 j’aime, 63 commentaires et 5 001 partages à la date du 21 juin 2024.
Contacté par la rédaction de Togocheck le 20 juin 2024 pour avoir des précisions, l’auteur de la publication n’a pas répondu à nos questions.
Les recherches effectuées par la rédaction de Togocheck révèlent que l’information est avérée et qu’une liste de médicament a été publiée par une revue médicale en France les jugeant inefficaces et dangereux. Toutefois la vidéo contient d’autres informations erronées.
Les médicaments en question
Smecta
Antidiarrhéique local, le produit Smecta se présente en sachets de poudre buvable. Ce pansement gastro-intestinal réduit les diarrhées et soulage certaines douleurs abdominales chez l’adulte et l’enfant à partir de 2 ans. Smecta à la fraise est un médicament générique de Smecta orange-vanille.
Voltarène
Voltarène est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Il lutte contre l’inflammation et la douleur, fait baisser la fièvre et fluidifie le sang.
Dolirhume
Dolirhume contient un vasoconstricteur décongestionnant (pseudoéphédrine) qui permet de diminuer la sensation de nez bouché, et du paracétamol, antalgique et antipyrétique.
Il est utilisé au cours des rhumes pour soulager le nez bouché, l’écoulement nasal, les maux de tête et/ou la fièvre.
Actifed
Ce médicament associe de la triprolidine, un antihistaminique ayant un effet asséchant sur les sécrétions nasales, de la pseudoéphédrine, un vasoconstricteur décongestionnant et du paracétamol, qui a une action antipyrétique et antalgique.
Il est utilisé au cours des rhumes pour soulager le nez bouché, l’écoulement nasal, les maux de tête et/ou la fièvre.
Toplexil
Toplexil contient un antihistaminique de la famille des phénothiazines. Il possède des propriétés antitussives et sédatives.
Il est utilisé dans le traitement symptomatique des toux sèches, notamment celles qui surviennent la nuit.
Maxilase
Ce médicament contient une enzyme destinée à lutter contre l’œdème et l’inflammation.
Il est utilisé dans le traitement d’appoint des maux de gorge peu intenses et sans fièvre.
Les recherches avec les mots clés dans Google indiquent qu’en décembre 2023, pour la 12ème année consécutive, la revue médicale publiée en France, Prescrire et non Scrire comme l’indique la narratrice dans sa vidéo, a effectivement publié sur son site son bilan de 2024.
Il comporte une liste de médicaments autorisés mais plus dangereux qu’utiles qui sont à écarter pour mieux soigner. Ce bilan de 2024 porte sur 105 médicaments dont 88 disponibles en France analysés dans Prescrire de 2010 à 2023. Selon cette revue, l’efficacité clinique de ces médicaments n’est pas démontrée.
Cette information a été reprise depuis le 5 décembre 2023 par plusieurs médias en ligne en France. Mais ces derniers n’ont pas mentionné dans leurs articles une réaction des autorités sanitaires françaises.
Dans un article publié le 12 décembre 2023, Le Figaro souligne que parmi les médicaments autorisés en France et dans l’Union européenne qui ont été analysés par la revue entre 2010 et 2023, 105 dont 88 commercialisés en France ont une balance bénéfices-risques qui demeure « défavorable dans toutes les situations cliniques dans lesquelles ils sont autorisés ». Cependant ces médicaments sont en vente libre en pharmacie.
Le magazine Femme actuelle a donné dans son article publié le 13 décembre 2023, la liste des 105 médicaments que Prescrire “conseille d’écarter pour mieux soigner”.
Prescrire est une revue scientifique créée en 1980. Son objectif est d’apporter aux professionnels de santé et aux patients, des informations claires, synthétiques et fiables dont ils ont besoin, en particulier sur les médicaments et les stratégies diagnostiques et thérapeutiques.
Joint par la rédaction de Togocheck, le président de l’ordre national des pharmaciens du Togo, Tufa NYASENU déclare que ces produits ne sont retirés ni en France ni ici au Togo. Il précise que le ministère de la santé suit de près l’actualité pharmaceutique rassure que les produits disponibles dans nos pays sont enregistrés et leurs circuits contrôlés.
Voltarène n’est pas un médicament contre les nausées
Dans la vidéo, la narratrice affirme que le Voltarène est un médicament utilisé contre les nausées et le vomissement. Ce qui n’est pas le cas. Selon le site de référence des produits de santé Vidal, ce médicament est un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS). Il lutte contre l’inflammation et la douleur, fait baisser la fièvre et fluidifie le sang.
Par ailleurs, pour le moment aucune autorité sanitaire en France comme l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) n’ont réagi, ni publié de communiqué en lien avec cette liste de produits jugés plus dangereux qu’utiles par la revue Prescrire.
En ce qui concerne le Dolirhume, ou encore Actifed l’agence a dans un communiqué alerté contre la prise de ces médicaments pour traiter le rhume qui peuvent causer, dans des cas rares, des infarctus ou des AVC.
L’information a été reprise par des médias.
En rappel au Togo, dans un communiqué datant du 27 octobre 2023, le ministère de la santé a déconseillé le recours aux médicaments à base de pseudoéphédrine, utilisés par voie orale, dans le traitement de la toux et de la grippe sans l’avis d’un professionnel de la santé.
Mais il ne s’est pas prononcé sur la liste des médicaments publiée par la revue Prescrire.
Pour conclure, les informations selon lesquelles une revue médicale en France a épinglé une liste de 105 médicaments à éviter parmi lesquels 88 sont disponibles en France sont avérées. Mais, à ce jour, aucune note officielle ni en France, ni au Togo n’a encore ordonné le retrait de ces médicaments en pharmacie.
