Faux, les comprimés de paracétamol P-500 ne contiennent pas le virus mortel Machupo

L’information selon laquelle le Paracétamol P-500 contient un virus mortel nommé Machupo est fausse.

Une capture d’écran d’une publication Facebook partagée dans des groupes WhatsApp laisse croire que le paracétamol P-500 est mortel. Selon le message, les médecins ont confirmé que ce médicament contient un virus appelé “Machupo” considéré comme l’un des plus dangereux au monde.

L’auteur écrit avec des erreurs:  « Faites attention à ne pas prendre le Paracétamol, qui est écrit P/500. C’est un nouveau Paracétamol, très blanc, et brillant, les médecins s’prouver à contenir le VIRUS MACHUPO considéré comme l’un des VIRUS les plus dangereux du monde. Et avec un taux de mortalité élevé ».

La publication est accompagnée de quatre images. La première laisse voir une plaquette de Paracétamol avec la mention P-500. La deuxième montre l’organe génital couvert de lésions d’un homme. Sur la troisième image on voit l’appareil génital féminin avec des lésions symptomatiques d’une infection. La dernière image présente une femme prise de dos avec le pagne à moitié noué. Sa tête, ses bras et tout son dos sont couverts de boutons.

Attention, il s’agit d’un vieux canular qui refait surface. La rédaction de Togocheck a découvert dans ses recherches que le virus Mapucho existe et sa dangerosité est prouvée. Cependant il ne peut pas survivre dans ces comprimés. Aussi, le Paracétamol P-500 n’est pas commercialisé au Togo.

Vérifications

Des recherches avec des mots-clés sur Google montrent que le virus Machupo existe et représente un réel danger selon les autorités sanitaires. Une fiche technique de l’Agence de la santé publique du Canada modifiée le 10 novembre 2011 indique que le virus Machupo a été isolé pour la première fois en 1959.

Vue partielle de la fiche technique

Il appartient à la famille des Arénaviridés. Il sévit en Bolivie et dans les régions avoisinantes. 

Sa prévalence se limite aux régions où vivent les hôtes spécifiques (rongeurs). On retrouve habituellement ces derniers dans les prairies tropicales et les forêts tempérées, les plaines de l’Est bolivien, le Nord du Paraguay et l’Ouest du Brésil.  

La Bolivie a connu une épidémie au cours de laquelle plus de 1 000 cas ont été recensés, de 1962 à 1964. 

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies de l’agence fédérale des États-Unis (CDC) précisent aussi sur leur site que la Fièvre hémorragique bolivienne (FHB) a été identifiée pour la première fois en 1959.

La publication sur le site des CDC

Elle est considérée comme une maladie hémorragique sporadique dans les zones rurales du département de Beni, en Bolivie. En 1962, la FHB a été reconnue comme une nouvelle maladie infectieuse épidémique. L’année suivante, le virus Machupo a été isolé pour la première fois chez des patients atteints de fièvre hémorragique aiguë à San Joaquin, en Bolivie. 

Chez l’homme, les premières manifestations cliniques sont caractérisées par des signes et symptômes non spécifiques, notamment la fièvre, les céphalées, la fatigue, la myalgie et l’arthralgie. Les CDC ajoutent qu’ avec l’évolution de la maladie (généralement dans les 7 jours suivant le début), les patients peuvent développer des signes hémorragiques. Il s’agit des saignements de la muqueuse buccale et nasale et des voies broncho pulmonaires, gastro-intestinales et génito-urinaires. 

L’Université de Stanford aux Etats-Unis précise que le virus Machupo se propage par aérosol, par contact alimentaire ou par contact direct avec des particules virales.

La publication de l’Université de Stanford

Ces dernières proviennent de la salive, de l’urine ou des excréments de Calomys callosus, le réservoir du virus chez la souris des champs. Les épidémies de Machupo se produisent lorsqu’une augmentation soudaine de la population de rongeurs ou du contact humain est provoquée par des sources de nourriture abondantes ou par les modes de vie et d’agriculture des humains. 

Mais, le virus Mapucho ne figure pas parmi la liste des virus les plus dangereux publiée le 21 juin 2023 par la revue de l’institut Polytechnique Insights de Paris. 

A propos des images utilisées dans la publication 

Des recherches d’images inversées dans Google avec les trois autres images utilisées dans la publication ne nous ont dirigé vers aucune publication en lien avec le virus Mapucho ou avec le paracétamol P-500. 

Une recherche d’image inversée dans Google Lens avec la photo montrant l’appareil génital d’un homme couvert de lésions nous a dirigé vers une publication en date du 1er  juillet 2013. Elle provient de la Revue indienne des maladies sexuellement transmissibles et du sida. Cette revue indique qu’il s’agit d’un homme de 65 ans atteint d’une maladie appelée « Tuberculide papulonécrotique du gland du pénis ». Elle souligne que les tuberculides papulonécrotiques (PNT) sont caractérisés par des éruptions récurrentes de papules asymptomatiques, rouge foncé. Ces dernières s’ulcèrent et forment des croûtes, et guérissent après quelques semaines avec des cicatrices varioliformes.

Quant à l’image de l’appareil genital feminin, la recherche d’image inversée n’a abouti à aucun résultat. La recherche avec l’image de la femme dont le corps est recouvert de boutons dirige vers des sites du Congo. Ces sites, notamment Lucommedias, La Prunelle verte et Electionnet l’ont utilisée pour illustrer des articles sur les décès causés par la maladie MonkeyPox.

Capture d’écran d’une publication sur le site Lucommedias

Selon l’Institut Pasteur, un centre de recherche biomédicale, la MonkeyPox est une maladie initialement présente chez l’animal, notamment chez des rongeurs en Afrique. Mais elle circule désormais chez l’être humain. Elle se présente comme une forme atténuée de la variole humaine, avec des symptômes moins graves et une létalité plus faible (nombre de morts sur le nombre de personnes atteintes). La variole du singe est causée par le virus du même nom. En juillet 2022, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que l’épidémie de variole du singe est une urgence sanitaire mondiale, suite à sa propagation « extraordinaire » dans plus de 75 pays non endémiques. 

Le paracétamol P-500 de Apex

Sur la plaquette du médicament utilisé pour illustrer la publication, on voit l’inscription Apex. Une recherche montre qu’il s’agit d’un laboratoire pharmaceutique fondé en 1978. Apex est une société de fabrication et de commercialisation de produits pharmaceutiques dont le siège social se trouve à Chennai, en Inde. Les produits de la société sont disponibles sous forme de solides oraux, de liquides oraux et de formes posologiques topiques.  Les formulations de marque de la société sont exportées dans plus de 25 pays à travers le monde.

Le Paracétamol P-500 fait partie des produits commercialisés par la société. Nous n’avons trouvé sur son site aucune note signalant des cas du virus Mapucho causés par ce médicament.  

Capture d’écran de la publication sur le site de la société Apex

Selon la plateforme numérique de soins de santé de l’Inde, Tata 1 mg, le paracétamol P 500 aide à soulager la douleur et la fièvre. Il bloque la libération de certains messagers chimiques responsables de la fièvre et de la douleur. Il est utilisé pour traiter les maux de tête, les migraines, les maux de dents, les maux de gorge, les douleurs menstruelles, l’arthrite, les douleurs musculaires et le rhume.

Avis de spécialiste au Togo

Au Togo où ce message a été partagé sur WhatsApp, nous n’avons trouvé aucune information incriminant ce médicament. Ni les médias, ni les autorités sanitaires du pays n’ont communiqué sur la dangerosité du Paracétamol P-500.

Contacté par la rédaction de Togocheck sur le sujet, le président de l’ordre national des pharmaciens du Togo, Docteur Yao Tufa NYASENU déclare que cette information n’est pas vraie.

Selon le spécialiste, ce Paracetamol P-500, n’est pas disponible au Togo.  Il précise qu’un virus de par sa structure est composé d’acides nucléiques et de protéines et n’est pas un micro-organisme. Il ne pourra pas survivre dans un comprimé. Le virus se développe dans une cellule vivante et non dans un comprimé. Docteur Yao Tufa NYASENU a appelé ses concitoyens à la vigilance et à la prudence. Il les invite à s’adresser à leur médecin ou pharmacien pour toute question sur un médicament. 

Dans plusieurs pharmacies à Lomé où nous avons fait un tour, les pharmaciens nous ont notifié que ce produit n’est pas commercialisé chez eux. 

Une vieille et fausse alerte qui date de 2017

Des recherches avec les mots-clés « Paracétamol P-500 » « virus machupo » sur Google ont dirigé vers plusieurs comptes et pages sur les réseaux sociaux. Ces derniers ont repris cette fausse information.

Une des publications sur Facebook

Ce message d’avertissement ne date pas d’aujourd’hui. Il a été partagé plusieurs fois dans différents pays et dans diverses langues sur Facebook, X, Tiktok et sur des blogs depuis 2017. 

Une fausse information démontée par plusieurs médias

Des recherches plus poussées ont montré que cette information est une fausse rumeur qui a été démontée dans plusieurs pays par des sites de vérification depuis 2017. Il s’agit des sites Snopes, 15min, hoax-net, l’AFP, Pesacheck, Le Monde, Boomlive, Fasocheck et d’autres.

A Singapour où l’alerte a été également publiée sur les réseaux sociaux, l’autorité des sciences de la santé (HSA) a relevé, dans une annonce qui date du 2 août 2017 qu’il s’agit d’un canular. 

L’information selon laquelle le Paracétamol P-500 contient un virus mortel nommé Machupo est fausse. Il s’agit d’une vieille rumeur qui remonte à 2017 et qui n’a aucun rapport avec le Paracétamol P-500 du laboratoire APEX. Les trois autres images utilisées dans la publication sont hors contexte et n’ont rien à voir avec le virus de Machupo.

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